La pub anti-tabac se fait allumer

Mon premier billet concernera une campagne de publicité qui fait actuellement polémique en France: la pub antitabac de l'association Droit des non-fumeurs, signée par l'agence BDDP&Fils.

Je vous laisse d'abord découvrir la vidéo:

Pub Ne vous faites pas rouler par le tabac DNF - Coupsdepub
par coupsdepub


Plutôt sympa non?
Maintenant la campagne d'affichage, celle qui fait beaucoup parler:



Si je trouve la campagne télé parfaite, la campagne d'affichage est consternante.
Associer le tabac au sexe est d'une rare perversion d'autant plus que le message est adressé aux adolescents qui sont, par nature, en proie aux questions sur ce sujet. "Fumer, c'est être l'esclave du tabac".

Nadine Morano, secrétaire d'Aide à la famille, veut interdire la campagne "au titre de l'outrage public à la pudeur".
Pour sa défense, Gérard Adureau, président de Droit des non-fumeurs, estime que ces visuels n'ont pas de connotation sexuelle, "ils se contentent d'évoquer l'autorité, la soumission".
Le JDD a interrogé le vice-président de l'agence BDDP. Il explique : "On a cherché l'image choc le plus emblématique de cette soumission. On est obligé d'employer des images fortes pour les interpeller".
Pour Jacques Séguéla, quant à lui, "rien n'est assez choquant pour faire comprendre que c'est une drogue. Une campagne a besoin de buzz. Sans buzz c'est de l'argent jeté par les fenêtres".
C'est ce que confirment DNF et l'agence BDDP, qui travaillent ensemble depuis trois ans,: ils auraient en fait anticipé tout cela et leur objectif -faire passer le message « fumer, c'est se soumettre », selon Marco de la Fuente- est en passe d'être rempli. Le visuel choc, « fait gratuitement » par deux employés de BDDP selon Marco de la Fuente, est diffusé sur des espaces publicitaires gratuits -les espaces non vendus. Pour le reste -la majorité du volume médiatique suscité-, la diffusion se fait par l'effet des commentaires scandalisés que l'image déclenche. Le rapport visibilité médiatique/coûts serait donc très intéressant.
C'était en plus un moyen de ne pas se soumettre à la régulation de l'ARPP puisque le visuel n'a été que relayé dans les contenus éditoriaux et n'st donc pas considéré comme une campagne. Ce qui explique le décalage entre la vidéo et l'affiche...!

Bon, là va tout de même falloir clarifier plusieurs choses.
D'abord, choquer est un moyen privilégié pour sensibiliser aux causes humanitaires et salutaires, c'est bien connu. Y en a heureusement certains qui arrivent à faire de belles choses avec des images choc. Témoin, l'exposition La publicité au service des grandes causes. On se rappellera de la célèbre campagne de 1994 pour Action contre la faim composée de deux photos d'une femme prise avant et après son passage à un centre de nutrition. Si on veut que le message passe, il faut que les gens en parlent, ok. Mais si c'est juste pour dire "T'as vu cette pub?", ça n'a pas d'intérêt. La publicité doit servir à faire réfléchir et à modifier les comportements (que ce soit pour une cause humanitaire mais aussi pour l'achat d'un produit!).
Ensuite, depuis quand une fellation est un acte de soumission? Je trouve le fil conducteur très tiré par les cheveux. Et finalement la campagne finit par humilier les prostituées! En sachant bien sûr que les prostituées ne sont pas les seules à faire des fellations...
Enfin, depuis quand faut-il buzzer pour buzzer? Un buzz ne fonctionnera que s'il est construit, un buzz balancé comme ça ne peut pas marcher.

Et vous, que pensez-vous de cette pub? Pensez-vous que la polémique fera moins fumer les jeunes?